La catastrophe de Thumeries du 17/02/1948

Ci-après le témoignage de M Marquis, membre fondateur de notre  association "Les Amis du PP" qui était à l'époque chef-cantonnier et le 1er intervenant au secours des victimes.
Il a vu les 2 trains se télescoper.
 
Rémy MARQUIS
né le 30 juin 1921
habitant Mons-en-Pévèle
Entré au Chemin de Fer d’Intérêt local ligne Anvin-Calais le 15décembre 1943, 
muté à Thumeries sur la ligne de Pont-de-la-Deûle à Pont-à-Marcq en qualité de chef cantonnier ayant la responsabilité de l’entretien des voies, croisements, barrières de P.N, signaux etc

" Le 17 février 1948, je travaillais avec mon équipe sur voie 7 à Thumeries à saboter des traverses en vue de leurs remplacements dans les voies de garages. Il était 17h30, l’heure de fin de journée pour nous. Nous commencions à rassembler nos outils quand passa en face de nous sur voie principale le train de voyageurs qui se dirigeait vers Douai.

Nous n’y portions pas trop attention vu que c’était son heure de départ de la gare et pensant que le train de marchandises venant de Douai était supprimé ce qui arrivait parfois.

Nous allions quitter notre chantier quand se produisit une terrible explosion qui nous donna l’impression d’une bombe.

Nous en avons vite découvert la raison.

Le train de voyageurs venait de rencontrer le train de marchandises et nous avons vu alors les locomotives des deux trains s’affronter comme des monstres et se dresser l’une contre l’autre. C’était un vrai massacre et les vapeurs brûlantes formaient un nuage opaque et empêchant d’approcher.

Après avoir envoyé un homme chercher du secours en gare, je me suis rendu au secours des victimes avec le reste de l’équipe.

C’était effrayant les voyageurs qui n’étaient pas ou peu blessés couraient en tous sens hurlant de peur. Ils sautaient dans les ronces du bois voisin, culbutant, se redressaient et reprenaient leurs course folle.

On est d’abord montés où on a pu ne pouvant approcher trop près des locomotives et on dégageait des banquettes rapprochées les unes des autres les gens pris au piège dans leurs mâchoires. Il fallait pour cela arracher les lattes en chêne des sièges en faisant des torsions à chaque bout.

Les victimes blessées criaient se plaignaient. On n’allait pas assez vite et pourtant on faisait le maximum.

Il y avait du sang partout. C’était effroyable. Puis peu à peu nous avons eu du renfort de partout mais il y avait beaucoup à faire et çà nous a pris du temps.

18 morts et 80 blessés ont été retirés des amas de bois et de ferrailles enchevêtrés.

Une salle des fêtes de la maison Béghin accueillait les morts et les familles éprouvées tandis que les blessés étaient dirigés vers les hôpitaux environnants.

Une foule considérable s’était déplacée sur les lieux de l’accident et parmi ces gens beaucoup nous ont apporté leur aide.

Nous avons quitté les lieux après nous être bien assurés qu’il ne restait plus personne dans les décombres.

Le lendemain, les travaux de déblaiement des voies ont pu commencer et ensuite ont été faites les réparations de la voie. "

A noter :
- Le train de marchandises tractait environ 500 tonnes (du charbon pour l’usine Béghin).
- Le tamponnement a eu lieu au km 10000, la gare de Thumeries est au km 10500.
- Au km 10000, à cet endroit la voie est en courbe, entre talus à droite et bois à gauche.